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Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/75

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parés 1564. par un domestique affidé, il arrive heureusement à Volmar, ville occupée par les Polonais : le voïévode de Sigismond le reçut en ami et lui promit, au nom de son maître, un rang, une fortune dignes de lui. Avant tout, Kourbsky voulut expliquer au tzar les motifs de sa démarche hardie, épancher la douleur, l’indignation qui remplissaient son âme, et, cédant à l’impulsion du sentiment, il lui écrivit une lettre que son fidèle serviteur, l’unique compagnon de sa fuite, se chargea de remettre lui-même. Il tint parole : arrivé à Moscou il trouve le tzar à l’entrée du palais et lui présente sa dépêche cachetée : « C’est, lui dit-il, de la part de mon maître, maintenant exilé, le prince André Kourbsky. » Le tzar, transporté de courroux, lui donne dans les jambes un coup de son bâton ferré, et le sang coule de la blessure. Immobile, l’envoyé garde le silence, tandis qu’appuyé sur ce bâton, Jean se fait lire la lettre de Kourbsky ; elle était ainsi conçue :

Correspondance de Kourbsky avec le tzar. « Monarque autrefois illustre, jadis béni du Seigneur, mais, pour la punition de nos péchés, consumé aujourd’hui d’une fureur infernale, corrompu jusques au fond de la conscience ; tyran dont les plus infidèles souverains de la terre n’offrent point de modèle, écoute-