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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T1.djvu/196

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entièrement les pratiques du culte, se dégagea de l’étroitesse du catholicisme, devint déiste, presque panthéiste, mais un profond sentiment religieux ne l’abandonna jamais, sentiment qu’elle devait tout autant à sa nature qu’à sa vie au couvent. On ne saurait dire, quelle direction eût pris le développement de son esprit, si elle avait passé toute sa jeunesse avec son aïeule incrédule et voltairienne ou avec sa mère superstitieuse.

Aurore avait passé l’automne de 1818 soit avec les petites élèves qu’elle aidait à bêcher leurs jardinets, soit avec les humbles sœurs converses, pour lesquelles elle travaillait et à qui elle donnait des leçons. L’une de ces sœurs converses, Irlandaise fanatique, exaltée et ignorante, était entrée au couvent contre la volonté de sa famille, avait renié ses proches et tout ce qu’elle avait de cher au monde pour la gloire du Christ et croyait être en possession du vrai bonheur, car, ayant fait couler les larmes et enduré les reproches de ses parents (!), maudite par son père, libérée de tout lien terrestre, elle pouvait s’adonner au seul amour divin. Cette exaltée encouragea Aurore, par ses récits, à renoncer au monde et à se faire religieuse. Aurore communiqua son projet à son confesseur, l’abbé de Prémord, et à sa « mère spirituelle ». Ni l’un ni l’autre ne prirent la chose au sérieux. Ils lui conseillèrent de ne pas s’empresser de prononcer des vœux trop hâtifs et d’attendre pour en parler à ses parents, afin de ne pas les attrister et de ne pas avoir plus tard à être elle-même malheureuse. George Sand a bien raison de dire que c’est un bonheur que son confesseur n’était ni fanatique ni même catholique orthodoxe, mais jésuite. Le catholicisme se résume dans les mots : « Hors de l’Église, pas de salut. » Les jésuites disent : « Chacun trouve son salut selon le degré de sa