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et de nuageux, où il n’est plus possible de distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux[1].

Le petit étudiant à physionomie éveillée courut en effet plus tard les rues de Paris avec ses compagnons berrichons, mais ce n’est pas d’un coup que se métamorphosa la rêveuse amie de Zoé Leroy en ce gamin et en cet apprenti littéraire dont George Sand parle dans l’Histoire de ma Vie (chapitres XIII, XIV de la quatrième partie, vol. IV).

Une seule chose est exacte dans le récit de Pyat, c’est qu’à l’arrivée d’Aurore Dudevant à Paris, dans le courant de janvier 1831, Jules Sandeau l’y attendait déjà.

Le récit que George Sand elle-même nous fait dans l’Histoire de ma Vie de ses premiers pas à Paris n’est pas moins inexact. En guise d’introduction à ce récit, elle expose, mais d’une manière fort vague et obscure, les raisons pour lesquelles elle ne racontera plus ses faits et gestes dans leur ordre chronologique, quoique « ici, dit-elle, ma vie devienne plus active, plus remplie de détails et d’incidents[2] ». Elle prétend agir ainsi par générosité et par délicatesse envers les personnes dont la vie est trop étroitement liée à la sienne, pour ne pas être indiscrète envers elles. Elle préfère, ajoute-t-elle, se taire sur beaucoup de choses et sauter par-dessus, préférant même donner par là l’occasion de la calomnier, plutôt que d’avoir à accuser les autres et à se justifier, et, à partir de 1831, tout ordre chronologique dans l’Histoire de ma

  1. Tout aussi apocryphes sont les chapitres des Souvenirs d’Ars. Houssaye lui-même, consacrés à G. Sand, Jules Sandeau, Marie Dorval et la mansarde du quai Malaquais en 1832. On ne peut y puiser que fort peu de faits certains. (Les passades sur G. Sand se trouvent dans Les Confessions, souvenirs d’un demi-siècle, par Ars. Houssaye, t. V et VI, (Paris. Dentu, 1891) et dans les Souvenirs de jeunesse (1840-1859). Paris, Ernest Flammarion.
  2. Histoire de ma Vie, vol. IV, 4e partie, p. 77.