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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/100

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irrésistible, mettre à ses pieds les gens les plus mal disposés à son égard ! Il n’est pas étonnant que Pagello affirme, ce qui se dit rarement de George Sand, savoir que « son plus grand charme était son éloquence magnifique, vraiment brillante, irrésistible ».

Dans le souvenir de Pagello, George Sand, d’ailleurs, est toujours restée comme une femme éminemment douée, propre à tout, aux grandes choses comme aux petites, et jusqu’aux moindres minuties de la vie de tous les jours. Il a raconté au Dr Garibaldi que, « pour George Sand, écrire était une nécessité, mais, qu’en même temps, elle aimait passionnément tous les devoirs d’une ménagère (erra apassionatissima per tutti gli uffici di una massaja) ; elle savait en perfection assaisonner le gibier et le poisson, broder, faire des boîtes en carton, en un mot, c’était une très brave ménagère[1].

Durant sa vie en commun avec Pagello, elle lui broda un canapé et six chaises ; le peintre Lamberto, la trouva, un jour, assise par terre et occupée à clouer la tapisserie de l’une de ces chaises ».

George Sand passa ainsi, après le départ de Musset, une période de calme et de travail, et il semble que dans les premiers temps, elle ait été contente, même heureuse, de son nouveau genre de vie. Venise l’attirait et la retenait par tous ses côtés pittoresques, par ses mœurs, par la vie libre et simple que l’on y menait, par la bonhomie de son aimable peuple, la poésie de ses souvenirs historiques, la douceur de son climat, et la vie à bon marché. Dans l’His-

  1. Mme Antonini, la fille du Dr Pagello raconte que George Sand fut un jour si mortifiée d’avoir été blâmée par Roberto Pagello de ne pas savoir cuire les artichauts, qu’elle lui tricota, — pour le dédommager de ce plat mal préparé — quatre paires de chaussettes. (Paul Mariéton. « Une histoire d’amour, » p. 144).