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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/108

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qu’à décacheter une de ses lettres. Mais quand il comprit que son rôle était fini, il ne permit plus, dans sa fierté, que George Sand se préoccupât de lui et rompit court et net avec elle. Tout ce que disent sur son départ Lindau et Arvède Barine, n’est pas exact. Non seulement Pagello ne fut pas « immédiatement expédié » à Venise, mais il ne rentra même pas de sitôt dans ses foyers. Abandonné par Aurore Dudevant, il se tourna vers la seule maîtresse qui console toujours ses fidèles adorateurs, — la science, et, en elle, il trouva affectivement la consolation qu’il cherchait. Profitant de son séjour à Paris, il se mit sérieusement à suivre les cours de chirurgie dont les différentes branches l’intéressaient particulièrement, et s’enrichit de connaissances qui firent de lui, dans la suite, un des premiers chirurgiens de l’Italie (il se distingua surtout par des opérations de lithotritie). Après avoir terminé ses études, il partit comme il était venu, presque sans le sou. Toute sa vie il a gardé saintement le secret de son amour ; pas une seule fois il ne répondit aux articles écrits sur son compte, et que ne disait-on pas cependant de lui, dans la presse italienne, française ou étrangère ? Ce ne fut qu’en 1881, lorsque M. Barbiera remit au jour sa Serenata qui donna naissance, dans la presse italienne, à toute une littérature sur le voyage de George Sand à Venise, que, sur les instances pressantes de ses amis, Pagello consentit enfin à écrire et à publier dans le Corriere della Serra et dans la Provincia di Belluno, les lettres dont nous avons reproduit quelques fragments.

Revenons à Musset et à George Sand. Pendant qu’elle se tourmentait et se chagrinait à Nohant, Musset était en train de se reposer à Bade. Mais c’est bien en vain que son frère le biographe essaie de nous faire croire que le