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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/117

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lignes si célèbres, qui commencent le chapitre xi : « Ange éternel des nuits heureuses, qui racontera ton silence ? Ô baiser ! mystérieux breuvage, que les lèvres se versent comme des coupes altérées… »

Nous parlerons plus loin de la Confession, comme des autres œuvres de Musset et de George Sand, qui sont écloses ou ont été écrites sous l’influence que les deux poètes ont exercée l’un sur l’autre.

Citons maintenant ce que George Sand écrit à Mme d’Agoult, après avoir lu le livre qui lui avait été envoyé par Alfred lui-même avec quelques mots de dédicace. Nous avons déjà fait, plus haut, mention de cette lettre du 25 mai, insérée dans la Correspondance, mais où ces lignes, qui concernent Musset, ont été omises à dessein : « Je vous dirai que cette Confession d’un enfant du siècle m’a beaucoup émue en effet. Les moindres détails d’une intimité malheureuse y sont si fidèlement rapportés depuis la première heure jusqu’à la dernière, depuis la sœur de charité jusqu’à l’orgueilleuse insensée, que je me suis mise à pleurer comme une bête, en fermant le livre. Puis, j’ai écrit quelques lignes à l’auteur pour lui dire je ne sais quoi : que je l’avais beaucoup aimé, que je lui avais tout pardonné, et que je ne voulais jamais le revoir… Je sens toujours pour lui, je vous l’avouerai bien, une profonde tendresse de mère au fond du cœur. Il m’est impossible d’entendre dire du mal de lui sans colère. »

D’un côté, comme de l’autre, il n’y avait, comme on le voit, rien d’hostile. Musset et George Sand continuèrent, après cela, non seulement à s’écrire, ou à se charger mutuellement de quelque affaire pour rendre service à quelque ami respectif, mais ils se virent même quelquefois. Ainsi, par exemple y le chansonnier saint-simonien Vinçard nous