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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/128

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laisser aller dans leur voie est la seule punition qu’on veuille leur infliger. Laissons-les donc blasphémer, divaguer et passer.

« Quelques amis ont reproché à l’objet des ces outrages de les recevoir avec indifférence ; d’autres lui conseillaient, il est vrai, de ne pas s’en occuper du tout. Réflexion faite, il a jugé devoir s’en occuper en temps et lieu ; mais il n’était guère pressé. Il était en Auvergne, il y suivait les traces imaginaires des personnages de son roman nouveau à travers les sentiers embaumés, au milieu des plus belles scènes du printemps. Il avait bien emporté le pamphlet pour le lire, mais il ne le lut pas. Il avait oublié son herbier, et les pages du livre infâme furent purifiés par le contact des fleurs du Puy-de-Dome et du Sancy. Suaves parfums des choses de Dieu, qui pourrait nous préférer le souvenir des fanges de la civilisation ? »

On ne sait si réellement George Sand n’avait pas lu Lui et Elle, mais il est évident qu’elle songea dès lors à profiter pour sa défense de sa correspondance authentique avec Musset. Un an plus tard, elle s’adressa à Sainte-Beuve, son confident d’autrefois, en lui demandant s’il trouvait possible et nécessaire de publier ces lettres. Elle les avait copiées[1], triées et arrangées pour l’impression et envoyées à Sainte-Beuve par l’intermédiaire de M. Émile Aucante, alors son secrétaire. En même temps, elle écrivit à Sainte-Beuve deux longues lettres où elle raconte en détail toute l’histoire

  1. Il paraît que c’est à cette époque qu’elle avait permis à la fille de Mme Dorval, Mme Luguet, de copier quelques lettres de Musset. C’est de là que proviennent probablement : 1° les lettres citées par Grenier dans ses Souvenirs, 2° la lettre qui, en 1877, a été imprimée dans l’Homme libre et déjà mentionnée plusieurs fois plus haut, et enfin 3° les fragments en vers et en prose donnés par Ducamp dans ses Souvenirs littéraires.