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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/164

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caché aux yeux du monde, qui permet de supporter avec calme les médisances, les haines et les calomnies, comme le faisait George Sand en l’automne de 1833, car son amour pour Musset lui donnait une félicité sans nom. Ce fut aussi ce bonheur confiant qui fit du Secrétaire intime comme la contre-partie de Lélia la méfiante et la sceptique.

Nous nous demandons encore si la partie champêtre, enlevée au roman qui avait pour sujet la jeunesse si triste du héros et peignait ses méditations solitaires, après avoir été modifiée, ne servit pas ensuite pour André, roman que George Sand écrivit à Venise au cours de l’hiver et du printemps de 1834. André, quoique écrit dans cette ville, se passe en Berry, nous nous permettrons donc de l’analyser ailleurs.

Les Nouvelles vénitiennes proprement dites furent écrites entre 1834 et 1838 ; ce sont : Mattea (1835), les Maîtres mosaïstes (1837), la dernière Aldini (1837), l’Uscoque (1838), l’Orco (1838). La plupart commencent par un petit prologue : À Venise, sous la treille (lisez à Nohant, sur la terrasse), par un beau clair de lune et aux chants du rossignol, s’est réunie une petite société d’amis ; le poète Zorzi (c’est-à-dire George, prononcé à la vénitienne), l’abbé Panorio, le docteur Acrocéronius, le Turc Asseim-Zuzuf, la belle Beppa et Lélio, chanteur d’opéra (tous ces personnages avaient déjà paru dans les Lettres d’un voyageur, et, sous ces noms d’emprunt on doit reconnaître Musset, Pagello, sa sœur, la comtesse d’Agoult, Liszt, George Sand, etc.) On soupe gaîment, on chante, on fume, on savoure la sieste, et, tour à tour, on se raconte des histoires intéressantes, présentées par l’auteur à ses lecteurs. Ainsi, par exemple, l’abbé Panorio raconte, soi-disant, l’histoire des Maîtres mosaïstes, écrite par George Sand à la prière de