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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/169

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Sand transporter dans un cadre vénitien et donner une vive couleur locale à des sentiments personnellement vécus, à des impressions et des observations puisées dans sa propre vie.

Asseim-Zuzuf, Turc impassible, raconte impassiblement l’Uscoque, une histoire prétendue réelle, ayant servi de thème à Byron pour écrire son Lara et son Corsaire. Zuzuf, à ce qu’il dit, avait connu Byron et lui avait raconté cette histoire, c’est-à-dire, en d’autres termes, que l’Uscoque est un essai de George Sand d’écrire un conte intéressant, où les personnages seraient des héros à la Byron. Elle a parfaitement réussi ; le conte est intéressant au plus haut point, même pour ceux des lecteurs d’aujourd’hui qui cherchent dans la littérature quelque chose de plus qu’une de ces fables attachantes et naïves qui faisaient les délices des lecteurs de 1838. Les héros sont suffisamment byroniens, les héroïnes, comme toutes celles de Byron, ne se distinguent que par leur beauté et leur douceur. On y rencontre aussi le type préféré de Byron en la personne de la Turque Naam, déguisée en page, qui ne quitte point d’un pas son diabolique seigneur. C’est tout ce que nous pouvons dire de l’Uscoque, en y joignant l’adage si rebattu des critiques français, lorsqu’ils n’ont rien de mieux à dire : « C’est merveilleux de style. » Nous n’entreprendrons pas d’analyser la donnée générale, ni de raconter au long le sujet de ce roman[1], sans contredit très bien écrit, mais qui pour nous est empreint d’un cachet par trop romantique. Dostoïewsky, qui avait lu l’Uscoque avant tous les autres

  1. Mme Louise Courvoisier a essayé de le faire dans une brochure consacrée à cette œuvre, qu’elle critique sévèrement au point de vue moral, « À George Sand, sur son romam intitulé l’Uscoque », par Mme Louise Courvoisier. Paris, Lemoine, 1839, in-8o, 56 pages.