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reconnaissant prouvées par l’enquête du 14 janvier les « injures graves, sévices et mauvais traitements » rapportés par Mme Dudevant à l’appui de sa demande ; ordonna la séparation des époux et chargea un notaire de procéder au partage « de la communauté et des reprises de la femme ». Dudevant n’ayant pas non plus paru chez le notaire, qui l’avait convoqué à se présenter devant lui, l’acte de séparation fut passé en due forme, et une copie en fut remise à Dudevant. Telle fut la fin du premier acte de ce drame judiciaire.

Depuis l’instant où elle avait présenté la demande en séparation jusqu’au jour de la prononciation du verdict, Aurore était restée chez Mme Agasta Duteil, femme de Duteil. Il est d’usage en France qu’une femme qui se sépare de son mari, pour n’avoir à encourir soi-disant aucun soupçon pendant l’enquête et la procédure, fasse une retraite ou se mette sous la tutelle d’une personne honorable, indiquée ordinairement par le président du tribunal. La personne désignée par le président du tribunal de La Châtre fut Mme Duteil, et Aurore fut enchantée de s’établir chez une femme qui lui était si sympathique, de passer son temps dans le cercle des parents et des amis de Duteil et surtout de s’occuper des enfants qui étaient réunis dans cette maison quelquefois au nombre de quatorze. Occuper et amuser ces enfants faisait la joie de George Sand, qui avait toujours aimé la société des petits. Si néanmoins, elle s’ennuyait quelquefois, c’est que, par la volonté du sort et de son seigneur et maître, elle était loin de Maurice et de Solange qu’elle adorait. « Ah ! oui, c’était là mon empire et ma vocation, j’aurais du être bonne d’enfants ou maîtresse d’école », ajoute-t-elle après avoir raconté comment elle divertissait ces enfants. Le soir, quand ils étaient tous