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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/335

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procureur des vérités assez dures retira son appel, pour ne pas avoir à en entendre peut-être de plus amères encore, et le 29 juillet 1836, les époux signèrent un nouveau traité, reproduisant celui qui avait été conclu, en n’y ajoutant qu’un seul article : Casimir payerait l’éducation de Maurice jusqu’à l’âge de vingt ans, et plus tard annuellement cent louis d’or pour son entretien. La femme payerait au mari cinq mille francs par an, ainsi que la rente due à sa propre mère et aux domestiques.

Là ne devaient pas finir les procès d’Aurore Dudevant avec son mari. Comme Maurice avait été confié à la garde de son père qui voulait l’élever militairement, mais qui, en réalité, s’occupait fort peu de son fils, et que la mère, voyant le dépérissement de l’enfant et son aversion pour la vie claustrée du collège, voulait le retirer de là, il surgit de nouveau des démêlés entre les époux divorcés. À cette époque, Maurice était malade, souffrait d’hallucinations, de palpitations de cœur ; le père n’y attachait aucune importance, ne croyait pas aux médecins, tandis que la mère y croyait trop, voulait y croire à tout prix et dorlotait son enfant. Mais il advint un jour, que le jeune garçon tomba si sérieusement malade chez son père, que Dudevant, effrayé, l’emmena immédiatement chez sa mère et le remit entièrement à ses soins. Il en fut pourtant tellement irrité que lorsque Aurore partit en 1837 afin d’aller soigner sa mère mourante, il enleva, pour se venger, Solange de Nohant, ce qui ne se fit pas sans de nouvelles brutalités et violences, et l’emmena à Guillery. Aurore s’empressa naturellement d’aller reprendre sa fille, mais ce qui la désespérait, c’est qu’elle ne pouvait jamais être sûre d’être à l’abri de semblables violences ; elle porta immédiatement plainte au tribunal.