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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/347

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tique à lui-même » ; et au bas de la page nous voyons le portrait de Liszt aux cheveux ébouriffés, qui, selon son habitude de chercher explication à tout, demande : « Qu’est-ce que cela veut dire » ? À droite, le major dit : « C’est un peu vague » ; au milieu, Arabella, dont on ne voit que la coiffure émergeant des coussins du divan, s’écrie : « Je m’y perds depuis longtemps. » Enfin le quatrième dessin représente George Sand et le major assis à cheval sur la même chaise.

Mais en dehors des conversations métaphysiques (résumées dans le chapitre X intitulé : Le carnet du major et pensées détachées[1]) et des analyses critiques sur George Sand, en dehors de la représentation sous forme fantasque de l’influence vivifiante de George Sand et de sa poésie sur la nature diamétralement opposée du major-métaphysicien, nous rencontrons, dans le livre de Pictet, des détails exacts et très réels, sur le voyage et les voyageurs eux-mêmes. Pictet fait entre autres le portrait des deux femmes, chacune extraordinaire à sa manière, toutes deux éminentes et sublimes : Arabella, la comtesse d’Agoult, grande, blonde, élégante, gracieuse, bien coiffée de longues boucles à l’anglaise, un flacon à la main, sérieuse, retenue ; George Sand, gamin pétillant d’un feu intérieur à peine maîtrisé, artiste aux allures simples et libres, peu soucieuse de son costume ; elle est vêtue d’une blouse d’homme, un cigare à la bouche, ses épais cheveux noirs, séparés par une simple raie lui tombent sur ses épaules.

  1. George Sand écrivait plus tard à propos de ce chapitre x : « Les réflexions philosophiques qui terminent l’action de votre conte m’ont vivement frappée. La 5e, 9e, 19e, 25e, 29e et la dernière me sont restées et me resteront dans l’esprit comme, dans mon enfance, certains versets de la Bible ou certaines maximes de vieux sages »… (Correspondance, vol. II, lettre au Major Adolphe Pictet, d’octobre 1838, p. 104-108.)