Aller au contenu

Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cédé à son imagination. L’imagination était pourtant son élément vital, son monde réel, le champ de sa pensée. Si la phrénologie ne se trompe pas, il devait avoir pour faculté dominante la merveillosité. Mais quoi qu’on en ait dit… son esprit était parfaitement sain… et c’est au sang-froid qu’il conserve au milieu de ces visions qu’il faut attribuer le grand charme de ses compositions fantastiques. On y sent toujours (pour continuer à parler la langue ingénieuse de la métaphysique de Spurzheim) l’homme de causalité et d’éventualité gouvernant et dirigeant l’homme de merveillosité et d’idéalité…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Il n’a rien conçu au hasard, il n’a créé des êtres surnaturels qu’en outrant la réalité d’êtres très bien observés, il n’a fait intervenir le diable dans ses extases que comme un principe philosophique. En y songeant avec plus d’attention que le vulgaire ne croit devoir en accorder à des compositions de cette nature, on retrouve dans la réalité la plus naïve, dans l’observation la plus purement physique le principe de tous ses développements poétiques.

« Il en serait de même, sans aucun doute, pour les compositions musicales des grands maîtres. Toutes ont un sens traduisible à la pensée, car toutes ont été inspirées par des sentiments. C’est en vain que certains connaisseurs, se feignant ou se croyant au point de vue de la spécialité, affectent de railler l’interprétation morale et intellectuelle des combinaisons harmoniques et d’attribuer les puissants effets de ces combinaisons à des rapports purement imaginaires entre les sons et les images. Il y en a de si réels, de si palpables, pour ainsi dire, qu’il n’est pas impossible de les saisir, de les noter pour l’oreille de l’artiste, et même de les expliquer, de les traduire en langue vulgaire, de les