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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/42

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sont comme un adage qui revient constamment dans les œuvres de Musset, pour qui l’ivresse était un but qui justifiait tous les moyens, et grâce auquel toute boisson était bonne. Mais lorsque Lindau raconte l’histoire des amours de Musset avec George Sand, il finit par s’embrouiller dans toutes sortes de contradictions. Ainsi il commence par reprocher à George Sand de n’avoir aimé Musset ni spontanément, ni avec abandon, mais froidement, en ne lui offrant son amour que « comme un remède, pour le sauver de l’ivresse et de la débauche ». Puis il nous raconte les excès de Musset à Florence et à Venise, ce qui ne l’empêche nullement de nous assurer à la fin que Musset n’a cependant commencé à boire, et notamment à devenir débauché, qu’après son retour d’Italie. Le lecteur voit maintenant la vérité ; il peut se rendre compte par tout ce qui précède, que, toutes les accusations accumulées sur ce point contre la mémoire de George Sand et de Mme de Groiselliez, qui nous est du reste parfaitement inconnue, croulent d’elles-mêmes.

Mais on se demande alors : Où faut-il donc aller chercher la clef, la cause et l’origine du développement de cette funeste habitude chez le poète ? Sur quel terrain a-t-elle pu grandir ? La réponse nous paraît bien simple et bien claire : la cause en est dans son égoïsme, dans son manque de volonté et de convictions, dans l’absence chez lui, de larges intérêts humains et sociaux ; le mal n’est nullement venu du dehors. Byron n’a-t-il pas été éprouvé par le même malheur de la trahison, d’abord dans sa jeunesse, et, plus tard dans son mariage ? Le chagrin que lui fit éprouver Mary Chaworth a rempli aussi son âme de douleur et lui a fait douter de l’amour et de la fidélité, mais ses vues larges, ses tendances humani-