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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T2.djvu/432

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du roman ? Ces lettres respirent une telle profondeur du sentiment conscient de lui-même ; on y voit un homme si parfaitement humain, si fidèle à ses idées généreuses jusqu’à la fin, même lorsqu’elles lui coûtent la vie et qu’elles exigent sa mort : Fort comme la mort. D’après le plan de l’auteur, Sylvia devait jouer le rôle de soprano secondo dans le roman, ne servir qu’à expliquer la donnée générale, montrer que ni la tendresse du mari, ni la douceur, l’innocence et l’amour de la femme ne suffisent à donner le vrai bonheur ; que la plus charmante jeune fille sera mauvaise épouse, s’il n’y a pas de vraie amitié entre elle et son mari ; que le mari le plus instruit, le plus spirituel, adorant sa femme, fût-elle la plus gentille et la plus pure, se sentira isolé. Mais il n’est que trop certain que ce puissant et dramatique soprano secondo nous intéresse infiniment plus que la prima donna — un petit soprano legiere insignifiant, — et que toutes nos sympathies sont pour Sylvia et non pour Fernande, probablement parce que Sylvia était aussi plus proche du cœur de l’auteur.

Fiamma Falier, l’héroïne de Simon, est tout aussi chère à George Sand. Ce roman est dédié à la comtesse d’Agoult et la dédicace est ainsi conçue :

« À Madame la comtesse ***

« Mystérieuse amie, soyez la patronne de ce pauvre conte.

« Patricienne, excusez les antipathies du conteur rustique.

« Madame, ne dites à personne que vous êtes sa sœur.

« Cœur trois fois noble, descendez jusqu’à lui et rendez-le fier…

« Comtesse, soyez pardonnée.

« Étoile cachée, reconnaissez-vous à ces litanies. »