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Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/143

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À Lesbos, bandeau de début de chapitre
À Lesbos, bandeau de début de chapitre


XI


Sept heures du soir.

Les ouvriers sortaient en foule, harassés et maussades, des ateliers.

La rue Mouffetard était encombrée par les travailleurs retournant sans joie au logis.

Des enfants dépenaillés jouaient sur la chaussée, entre les jambes des chevaux, au risque d’être écrasés, en attendant d’aller manger la maigre pitance du soir.

Une femme, grande, sèche, vêtue d’habits propres, quoique usés, le regard dur sous d’épais cheveux blancs ondulés, avançait rapidement à travers les groupes des ménagères attardées, achetant à la hâte quelques victuailles : des rogatons, rebuts de tous, pour calmer la faim des marmots, qui attendaient là-bas, avec impatience, la becquetée quotidienne.

Cette femme, une ouvrière, avait l’aspect hon-