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Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/224

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d’être éprouvez par de grandes tribulations, que d’avoir tout à souhait.

Je connois l’interieur de l’homme : je sçai qu’il importe pour vôtre salut, que vous soyez quelquefois sans aucun goût spirituel. L’humiliation vous est nécessaire, de peur que vous ne veniez à vous enfler des bons succés, ou à vous croire meilleur que vous n’êtes.

Ce que je vous ai une fois donné ; je puis vous l’ôter, & vous le rendre, quand il me plaira.

Si je vous fais quelque don, j’en demeure toûjours le maître ; & si je vous l’ôte, je ne vous dérobe rien, puisqu’il est toûjours à moi. Car il n’y a rien de bon & d’excellent dans le monde, qui ne m’appartienne.

Si je permets qu’on vous persecute & qu’on vous maltraite, ne vous fâchez pas, ne perdez pas cœur pour cela. Car en un moment il m’est aisé de vous soulager ; de dissiper vôtre tristesse, & de vous remplir de joye.

Songez toûjours que je suis juste, & digne d’être beni, lors même que je vous traite avec le plus de rigueur.

Si vous êtes sage, & que vous jugiez sainement des choses, vous ne devez point vous laisser abbattre à l’adversité : vous devez plutôt vous en faire un sujet de joye & d’action de graces.