Aller au contenu

Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Apôtres conjure instamment les fiděles de vivre ainsi que des étrangers & des voyageurs sur la terre[1].

O qu’un homme meure tranquillement, & plein de confiance, lorsqu’il se sent tout-à-fait libre des attachemens du monde !

Mais une ame encore foible & immortifiée n’est point capable d’un détachement si parfait : & l’homme animal ne sçait ce que c’est que la liberté de l’homme interieur.

Que si de charnel qu’il est, il veut devenir spirituel, il doit quitter non seulement ceux qui ne lui sont rien, mais même ses proches, & se persuader que de tous les hommes il n’y en a aucun, dont il se doive plus donner de garde que de lui-même.

Si vous pouvez vous vaincre vous-même, vous surmonterez facilement tout le reste.

La victoire la plus glorieuse est celle que l’on remporte sur soi.

Car celui qui a acquis un tel empire sur les passions, que son appetit est soûmis à la raison, & que sa raison m’est soûmise en toutes choses ; celui-là sans doute est maitre de soi, & maître de tout le monde.

Voulez-vous donc parvenir à ce haut degré de perfection ; commencez à y travailler de toutes vos forces ; mettez la coignée à la racine ; arrachez de vôtre cœur cette affec-

  1. 1. Pet. 2. 11.