Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/106

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prétexte de savoir à quoi s’en tenir, et, s’affublant aussitôt du costume de Julie Langourla, que le concierge était habitué à voir sortir à chaque instant, elle quitta la prison, un panier au bras, et rejoignit sa sœur, qui l’attendait à quelque distance.

Les deux fugitives, devenues libres, hâtèrent le pas et se rendirent d’abord dans une maison où leur arrivée était mystérieusement annoncée : les gens chargés de les recevoir ignoraient leurs noms et d’où elles venaient. Elles y changèrent vite de vêtements et sortirent immédiatement, afin de se réfugier dans un lieu plus sûr, où elles trouvèrent le courageux Jean Le Coq, auquel elles donnèrent la consigne de tenir une barque, arrêtée par lui en prévision du piquant et dramatique incident, sur la rive droite, vers l’extrémité du Mail, dans la direction de la ferme où il avait laissé les chevaux.

Cependant, le dîner continuait joyeusement à la Tour-le-Bât. Une demi-heure déjà s’étant écoulée et les Dames ne reparaissant point, le général demanda si elles ne reviendraient pas.

La réponse embarrassée du domestique éveillant soudain ses soupçons, il sortit pour se rendre compte de la situation ; mais, ne trouvant plus que le cuisinier et ses aides, il devina la vérité.

Honteux de s’être laissé mystifier, il donna aussitôt