Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

titude absolue de ces bavardages. Chaque colonne était accompagnée d’un habitant de Saint-Brieuc ; un nombre déterminé de pelotons, ceux particulièrement chargés de cerner les postes, s’étaient déchaussés, afin de ne faire aucun bruit.

L’ordre formel était d’éviter, autant que possible, toute collision, de ne tirer qu’à la dernière extrémité, et, sous les peines les plus sévères, de n’entrer dans aucune maison.

Malgré tous les procès-verbaux et les enquêtes du lendemain, cette consigne fut très fidèlement observée, cela est certain.

D’autre part, il faut remarquer que Rolland, à Saint-Brieuc depuis plusieurs jours, s’était mis en communication avec diverses personnes de la ville : il avait vu l’un des prisonniers, M. Morin de La Villecorhin, avec lequel il fut convenu que, le soir de l’attaque, les prisonniers, nombreux, se tiendraient prêts, et, au moindre bruit, s’empareraient du geôlier et des armes des quelques gardes nationaux composant le poste de la prison. Si l’on veut considérer aussi que la prison, très petite d’ailleurs, était remplie d’hommes du pays, fort connus, et qui, malgré leur captivité, avaient conservé une situation dont on tenait compte, on comprendra l’espèce de relâchement bienveillant au milieu duquel ils se trou-