Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/132

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Je ne puis comprendre, conséquemment, comment M. le président Habasque, connaissant comme moi l’état des autres chemins, a pu écrire cette histoire d’un canon emmené par les Chouans. Si les Chouans avaient emporté quelque chose de Saint-Brieuc, ils auraient, me semble-t-il, préféré tout autre objet à un canon, très encombrant pour eux et absolument inutile.

Si les décès des personnes tuées à Saint-Brieuc ont été indiqués sur les registres de l’état-civil, il n’en fut pas ainsi du côté des royalistes : plusieurs furent blessés, M. de Keranflech, entre autres, au blocus de la caserne. Le jeune Le Frotter, Étienne, âgé de vingt ans, fils aîné de Mme Le Frotter, fut tué, après avoir eu le bonheur d’embrasser sa mère et son frère cadet, alors âgé de dix-sept ans et se trouvant aussi détenu. Le corps d’Étienne Le Frotter fut trouvé percé de nombreux coups de baïonnettes et de balles dans une prairie dépendante du Veaumeno, entre cette propriété et Montbareil[1].

  1. Je trouve sur lui, dans les notes laissées par le grand-père de ma femme, M. Le Frotter, qui fut à diverses reprises secrétaire des États de Bretagne, l’appréciation suivante : « Étienne Le Frotter avait l’esprit vif et entreprenant ; il avait été deux ou trois ans à l’hôtel militaire, établi à Rennes pour la noblesse sans fortune. Son père ne put l’emmener quand il émigra, parce qu’il était trop jeune et trop faible. Dès qu’il eut la force de porter les armes, il se rangea du parti royaliste, ne voulant