Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/157

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autres ont toujours fait douter à ma famille de sa complicité dans l’affaire de la machine infernale.

En écrivant ces lignes, je consulte uniquement mes souvenirs ; je reproduis les impressions qui m’ont été transmises par les miens, et qui, malgré le temps, me sont restées profondément gravées dans l’esprit. Tous les récits de cette époque néfaste ont exercé sur mon caractère une influence invincible, qui m’a laissé généralement un profond mépris pour ces légalités de circonstance, imaginées par des vainqueurs d’un jour, pour mieux opprimer leurs concitoyens, leur patrie. Les principes d’un progrès moral continu, comme en a produit et peut en produire encore la civilisation chrétienne, ont été le plus souvent, en vue d’intérêts matériels, noyés dans un chaos de lois injustes, violant les principes nationaux, par presque tous les gouvernements depuis 89, et particulièrement par les gouvernements révolutionnaires.

Sans doute, il faut des lois, et l’on doit leur obéir ; mais, pour être respectées, ces lois doivent être basées sur les principes d’éternelle justice, de religion ou de morale universellement admis par les sociétés auxquelles elles sont destinées, et elles doivent rester placées hors de l’atteinte des lâches ambitieux qui, au moyen de fourberies honteuses, parviennent à s’emparer du pouvoir. Tous les hommes