Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/159

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vécurent péniblement, à l’aide de quelques protections et de concessions. Ainsi mon père, dont les connaissances hippiques étaient appréciées, fut invité à se charger de fournitures de chevaux pour l’État, et, s’il ne perdit pas dans cette entreprise, presque de commande, ce fut grâce à quelques honnêtes fonctionnaires. Par ailleurs, le sort de ma famille fut pareil à celui de beaucoup d’autres ; on les mettait en coupe réglée pour fournir des hommes, de l’argent et des montures à l’être insatiable dont il était convenu d’admirer les actions, alors même qu’elles achevaient de tout détruire, tant le souvenir du régime de la Terreur, anéanti par lui, était encore profond. Cet homme extraordinaire, en définitive, était pour nous un fléau moindre, beaucoup moindre que celui sous lequel la France avait gémi, et que son heureuse audace avait écarté.