Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/21

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Le manoir de Kerigant est placé sur les rives de l’Oust, dans un pays très accidenté, couvert de bois, près de la forêt de Lorges et non loin des villes de Quintin, Uzel et Corlay.

Au moment où M. de Kerigant vint l’habiter avec sa jeune femme, le village de ce nom, sur les limites duquel se trouvait la maison, était considérable ; on y comptait environ quatre-vingts ou cent feux. Les habitants étaient tous cultivateurs et tisserands. Grâce à cette double industrie, le travail n’y chômait jamais, et la plus grande aisance y régnait. On trouvait dans le voisinage, comme dans la plupart des campagnes à cette époque, une école tenue par des prêtres, où les enfants allaient apprendre à lire et à écrire, ce à quoi on réussissait mieux qu’aujourd’hui ; mon âge m’a permis de le constater[1]. La population, heureuse de voir le vieux manoir, qui était inhabité depuis près de vingt ans, occupé de nouveau par une famille à laquelle elle était depuis longtemps attachée, employa tous les moyens possibles, afin d’y fixer le jeune ménage.

  1. Outres ces écoles, il y avait dans la plupart des communes des instituteurs ambulants qui allaient donner ou continuer des leçons. Ces instituteurs ambulants, moyennant un repas et un très faible salaire, ne chômaient pas, et souvent ils couchaient dans la ferme où ils avaient donné leur dernière leçon. J’ose l’affirmer, au moins en Bretagne, l’instruction était plus répandue et plus réelle qu’elle ne l’est aujourd’hui dans les campagnes.