Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/30

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dement et la responsabilité d’un seul chef, fit absolument défaut. Lorsqu’il fallut agir, au lieu d’une volonté, il s’en trouva plusieurs, la plupart contradictoires ; on se contrecarra et on laissa échapper une victoire à peu près certaine. Plus les chances semblaient favorables, plus les rivalités s’accentuèrent ; elles amenèrent fatalement une confusion déplorable. Tout, paraît-il, permettait d’espérer le succès de l’expédition. Le pays soulevé accourait en masses au-devant d’elle, et l’ennemi, isolé, n’avait pu réunir assez de forces pour s’opposer au débarquement. Si le massacre des victimes de Quiberon doit inspirer d’éternels regrets et rester à tout jamais une tache ineffaçable pour les vainqueurs, l’histoire ne peut cependant se laisser trop attendrir ni taire la vérité. L’incapacité et la présomption firent de nouveau perdre à la Royauté une magnifique occasion d’entrer en scène à la façon de Henri IV, de rallier autour d’elle les vaillantes populations bretonnes et de recueillir les débris de l’héroïque Vendée.

Lorsque l’expédition de Quiberon fut annoncée aux chefs royalistes de Bretagne, ils ne doutèrent pas du triomphe. Ils pensaient qu’ayant pu non-seulement résister aux armées de la République avec les faibles moyens dont ils disposaient, avec des