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peine convalescent d’une balle dont il avait été frappé lors du combat de Coëtlogon, tomba percé de coups de baïonnettes[1].

Sur dix-huit victimes, dit-on, femmes, enfants et vieillards, deux survécurent : M. de Pontbellanger et un paysan, cachés sous les cadavres ; on les avait crus morts.

Quant à Mme Le Gris, qui s’était d’abord échappée avec les autres dames et sa plus jeune sœur, et cachée dans les bois, derrière la maison, voyant les flammes et la fumée s’élever au-dessus des toits, elle crut qu’on avait mis le feu au château, et, sous cette impression, elle s’empressa d’y revenir.

Cependant les envahisseurs n’avaient pas incendié Boscenit ; les flammes aperçues par la courageuse femme provenaient des objets mobiliers entassés dans la cour et livrés aux flammes. Sans se préoccuper du danger auquel elle s’exposait, Mme Le Gris entra dans cette cour, tenant par la main sa plus jeune sœur, encore enfant ; elle alla droit à l’officier commandant la horde sauvage, se nomma et lui repro-

  1. On n’a jamais su, dans ma famille, à quelle branche de cette illustre maison, une des plus anciennes de Bretagne, appartenait ce vaillant homme. Aujourd’hui, l’un de ses représentants, poète distingué, M. le comte Hippolyte de Lorgeril, selon les traditions de sa race, défend au Sénat, avec un talent et un courage qui l’honorent, la sainte cause de la Société et de la Liberté.