Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/54

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une parole. Cependant elle fut vite tirée de sa torpeur par la pensée de sa sœur et les cris lamentables poussés par une foule d’hommes et de femmes faisant irruption dans la cour.

Elle chercha sa sœur au milieu des cadavres, mais en vain. Elle apprit bientôt qu’on l’avait emmenée : elle parvint à organiser, parmi les hommes présents, une troupe déterminée, avec laquelle elle poursuivit la colonne infernale. Elle l’atteignit à son entrée à Loudéac : elle arracha sa sœur à ces misérables, la plupart ivres, sans éprouver de résistance, et, grâce au concours des habitants, indignés, elle put ramener à Boscenit les vingt et quelques chevaux encore chargés de butin. Cette colonne de brigands ne tarda pas à expier ses crimes dans un terrible châtiment : attaquée à mi-chemin de Loudéac à Pontivy par les compagnies royalistes de Penanster et de Le Bris, elle fut à peu près détruite.

Les républicains se permettaient tous les crimes à l’égard de leurs adversaires : le vol, le pillage, le massacre, des cruautés inconnues jusqu’alors chez les peuples civilisés, mais ils n’admettaient pas que les royalistes pussent et dussent exercer des représailles ; ils s’attribuaient le droit de violer tous les droits, toutes les lois sociales, d’étouffer les croyances, de confisquer ou d’acheter à vil prix les biens des