Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/87

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Côtes-du-Nord une juste célébrité : il était étranger à la Bretagne ; il appartenait à une famille de cultivateurs de la Beauce. Parvenu fort jeune, par son courage et sa conduite, au grade de lieutenant, il était en garnison à Saint-Brieuc lorsqu’une circonstance très imprévue le jeta dans la Chouannerie.

Un jour, revenant d’une expédition contre les Chouans, il était entré au café Bailly[1]. Une conversation animée, devenue promptement une discussion violente, s’engagea entre lui et des jeunes gens de la ville ; elle décida de son sort. Le jeune officier, par son éducation religieuse et son caractère, n’avait pas sur les royalistes les idées des bourgeois briochins.

Mû par un noble sentiment, et pour l’honneur de l’armée dont il faisait partie, il provoqua, en rendant une éclatante justice au courage de ses adversaires, une clameur générale contre lui. Au lieu de s’incliner devant ce mécontentement, il accentua davantage son opinion, et fut obligé, pour se défendre des énergumènes auxquels il avait affaire, de mettre le sabre au poing. Dans ce moment, un homme d’une haute stature, et qui paraissait doué d’une force peu commune, brandit au-dessus de sa tête un tabouret et vint se placer à côté du jeune officier. Les assail-

  1. Depuis café Jouault.