Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/92

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fut fâcheuse, d’abord en faisant connaître leur tentative, puis en aggravant le sort des prisonniers, M. le président Habasque fait, selon son habitude, un récit dont l’invraisemblance est si manifeste que la moindre attention la lui eût fait éviter[1].

Écrivant sous l’empire des idées du gouvernement de Juillet 1830, M. le président Habasque a voulu flatter les passions dominantes, cela ressort de ses appréciations. Il imagine d’abord, après le départ de la patrouille Duviquet de la prison, un dialogue entre deux gardes nationaux dont il indique les noms, qui se trouvaient de garde et auraient reconnu Duviquet, tout en se dispensant de répandre l’alarme ; puis il ajoute : « Le chef de l’expédition, voyant son entreprise manquée, partit immédiatement pour Hénon, où, après avoir pris quelques heures de repos, il faisait faire l’exercice à ses soixante hommes dans le cimetière (c’était bien le moment et le lieu) de cette commune, quand une lettre lui est remise. Il fait aussitôt former le cercle. — Enfants, dit-il à ses gars, la fortune veut nous dédommager de l’échec de la nuit dernière. Les Bleus donnent dans le nouveau piège que je viens de leur tendre. Qu’ils soient passés au fil de l’épée, et que leur capitaine

  1. Habasque, Notions Historiques sur les Côtes-du-Nord, t. III, pages 63, 64, 65, et les notes.