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connut promptement, qu’il se hâta de réunir du monde ; cependant il fallut un certain temps, car les Chouans rentraient chez eux après chaque expédition. Il se porta néanmoins de très grand matin sur la route pour attaquer l’escorte ; mais il arriva trop tard. Alors il envoya un exprès à Saint-Brieuc avec une lettre proposant un échange de Duviquet contre le commandant L’Honoré.

La lettre de Carfort fut remise, je l’affirme, car je le tiens de lui-même, au président du conseil de guerre. Ce dernier en donna-t-il communication ? Je l’ignore. Il est certain en tout cas qu’on n’en tint pas compte, et, par représailles, le commandant L’Honoré fut fusillé.

Quelques jours après, un paquet contenant un anneau, des cheveux, un brevet de chef de bataillon et divers autres objets lui ayant appartenu, fut adressé aux autorités républicaines, avec une lettre indiquant les derniers vœux du commandant L’Honoré et le lieu où était déposé son corps.

Telle fut cette généreuse tentative, suivie de la mort de Duviquet. J’ai souvent entendu mon père et ma mère la raconter avec une douloureuse émotion. Si mes parents avaient été arrêtés et condamnés pour lui avoir donné asile, comme le porte le jugement, il mourut en essayant de les rendre à