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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/144

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Mais il était heureux ; apercevoir Hélène lorsqu’elle sortait, la voir rentrer du bal enveloppée dans ses fourrures, entendre la musique de sa voix alors qu’elle parlait à sa grand’mère ou à sa gouvernante, c’était pour Armand un de ces bonheurs qui faisaient sa vie et arrêtaient les battements de son cœur.

Il m’avait avoué sa passion pour Hélène, en me suppliant de ne pas essayer de l’en détourner, puisqu’il comprenait sa folie mieux que personne ; comme je l’aimais beaucoup, j’écoutais ses confidences sans lui exprimer combien je souffrais de le voir user sa jeunesse dans un stérile amour.


Un jour je le trouvai pâle, bouleversé, les yeux pleins de larmes.

— Elle se marie ! me cria-t-il, elle épouse le marquis de B…, le neveu du ministre.

J’eus un instant de joie, je l’avoue ; Hélène partirait, et Armand, ne la voyant plus, l’oublierait peut-être.

Il me fit grande pitié ; dans son désespoir il roulait cent projets plus extrava-