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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/146

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tombât dans ses bras ; mais je me gardai de faire aucune réflexion, tant sa douleur m’avait mis l’âme à l’envers.


Le soir vint ; l’hôtel était brillamment illuminé ; les invités en grande toilette montaient le perron, les laquais couraient d’un air empressé ; une bonne odeur de truffes et de gibier arrivait jusqu’à nous, et, sans être vus, cachés par les arbres, nous pouvions voir ce qui se passait dans l’office dont les fenêtres étaient ouvertes.

C’était un cliquetis de vaisselle, de fourchettes et de couteaux ; on entendait donner des ordres à voix basse ; un maître d’hôtel, à la mine grave, commandait à une armée de laquais poudrés, en culottes courtes portant la livrée de la comtesse ; de temps à autre ils cachaient des bouteilles dans leurs poches, et de petits marmitons, qui apportaient des plats montés, suçaient leurs doigts, après les avoir trempés dans les sauces.

Ce spectacle m’amusait, et comme je