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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/174

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Enfin, les invités disparurent à la file, et j’emmenai chez moi ma chère petite femme tremblante et émue. J’avais préparé avec amour un nid digne de celle que je voulais rendre heureuse ; en effet, elle poussa un cri d’admiration devant la jolie chambre à coucher tendue de gris pâle, sa couleur favorite.

Je la laissai seule ôter son voile et les fleurs d’oranger qui ornaient sa candeur et ses beaux cheveux, puis, rentrant quelques minutes après, je la trouvai blottie dans le grand lit comme un oiseau frileux et confiant.

Alors, mon cœur éclata, et me jetant à genoux sur le bord de la couche nuptiale :

— Ah ! Jenny, m’écriai-je, ma bien-aimée, laisse-moi te dire…

Mais des abois furieux me coupèrent la parole. Ma femme, en chemise, sans plus s’occuper de moi que si je n’existais pas, sauta hors du lit, et, selon son habitude, se mit à quatre pattes à la recherche du roquet.

Cette fois ma colère éclata.