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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/187

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devenue tout à coup rêveuse, que tu ne voulais pas venir ! Tu ne m’as pas encore dit pourquoi ?

— Est-ce que je sais, répondit-il, des craintes que je t’expliquerai. Les hommes sont bêtes !… Mais je te désirais, je souffrais…

— Je savais bien, continua-t-elle avec un sourire fier, que lorsque tu me verrais je serais aimée… Avec mes vêtements, tu ne devinais rien !… Ah ! pauvre cher, celles que tu as connues t’ont rendu sceptique et méchant ; moi, je suis une vraie femme, je t’aimerai loyalement, sans mensonge !… Tu as eu tant de chagrin, il faut que tu sois heureux maintenant.

Et toujours déshabillée, riant et babillant, sentant déborder de tout son être cette joie qui ne lui était jamais venue, elle courait à son boudoir, et ouvrant le grand piano d’Erard, elle jetait les cascades de notes étincelantes, les marches triomphales qui sonnaient la victoire de son cœur. Puis elle cria :

— Qu’on aille me chercher des fleurs,