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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/198

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manderaient d’autre spectacle ; la mer, éblouissante et paisible, semble une pervenche épanouie, et les monts, revêtus d’un pâle violet, vont se perdre dans l’immuable azur. La félicité, la tendresse sont là dans leur véritable patrie, nulle part l’amour ne peut être à la fois plus suave et plus splendide.

Ma maîtresse — elle l’était si peu que je sens qu’il faudrait trouver un autre mot que ce mot brutal et magique — ma maîtresse, dans les beautés de ce paysage adorable, fit des vers superbes, promena fastueusement sur le rivage toute la poésie dont elle était enveloppée, et m’aima avec des cris de fureur qu’elle notait soigneusement au sortir de mes bras ; elle en guettait l’éclosion, elle consignait dans sa mémoire ses attitudes et les miennes pour les placer dans sa copie, en un mot, elle ne pouvait plus m’aimer avec simplicité ; et un jour que je touchais à l’extase divine en sentant que son cœur se fondait à la chaleur du mien : « Oui, s’écria-t-elle, aime-moi, aime-moi plus encore, je vou-