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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/22

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cloisonné, sur une table en marqueterie, une grosse gerbe de fleurs jetait une note violente et gaie, un fauteuil de velours supportait un chat endormi, si vieux, que ses moustaches blanchissaient comme celles d’un général en retraite.

La grand’mère s’était fait un nid au fond de cette immense chambre ; elle vivait dans un petit coin, abritée derrière un paravent de laque où un mandarin et une Chinoise allongeaient leurs petits pieds dans une jonque rose tendre ; sur une étagère, des bergers et des bergères en saxe minaudaient dans leurs habits bleu pâle, tandis que des marquises à panier faisaient la bouche en cœur en agitant l’éventail.

Sur les murs, des pastels exquis presque effacés, des jeunes filles vaporeuses comme les Willis de la plaine, et enfin le portrait de mon grand-père en colonel de cuirassiers.

Bonne maman avait à ses côtés sa table à ouvrage pleine de laines, car elle brodait toujours d’interminables tapisseries. Souvent elle regardait une grande armoire lui