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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/31

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nait des poignées de main à l’aventure, et s’en retournait ayant oublié de demander après lui.

Mais voilà qu’il se produisit un phénomène étrange ; elle s’endormait dans son grand lit de satin, ses cheveux blonds épars sur les dentelles de l’oreiller ; et il lui apparaissait non plus avec son air de viveur ennuyé, bâillant au milieu de la fumée des cigares, mais jeune, charmant, irrésistible ; couché à ses pieds, il lui disait les choses exquises et absurdes de la passion palpitante, et elle donnait ses lèvres à des baisers fous, et son corps se tordait dans les délicieuses étreintes.

Elle s’éveillait furieuse, pleine de honte ; elle ouvrait sa fenêtre et livrait ses épaules et ses bras au vent frais du matin ; puis recouchée et songeuse, elle faisait des efforts pour éloigner le fantôme qui, de nouveau, venait l’enlacer et l’emporter en des ivresses inénarrables.