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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/55

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théâtre, des billets enflammés ; et lorsqu’elle avait consenti à le recevoir, elle le crut véritablement amoureux, tant ce comédien, aussi beau à la ville qu’à la scène, avait le don de faire vibrer toutes les cordes de l’âme.

Ce fut un joli amour tout plein de mystères et de rendez-vous exquis ; un peu avant la fin de la représentation, elle s’en retournait ; quelques instants plus tard, une femme de chambre discrète faisait entrer Hector par la petite porte du jardin de l’hôtel, et l’amenait dans le boudoir où le souper était servi.

C’était charmant, ce fin repas où, seule, la grande dame le servait, buvant dans son verre, assise sur ses genoux, s’enivrant à la voix sonore où les r sonnaient comme des fanfares ; les heures s’écoulaient au milieu des baisers pépiant comme des oiseaux familiers, et les serments, les tendres bouderies, les ivresses inénarrables voyaient poindre le jour dans ce nid de satin, dont une immense fourrure noire cachait le tapis.