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Page:Kindt - Pour se damner.djvu/66

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suppliante, ôtez vos gants, donnez-moi ce régal charmant de voir vos petites pattes blanches, le voulez-vous ?

Elle le regarda avec une expression de hauteur méprisante, et dit nettement :

— Oh ! pour cela non, je vous le jure !

Gaston resta stupéfait. C’était donc là le défaut de la cuirasse ; cette femme adorable avait des mains de cuisinière ; un doigt lui manquait peut-être, ou bien elle en avait six comme les monstres de la foire ; il tombait de son rêve sur le pavé.

Enfin on apporta les fraises ; ces dames s’en barbouillèrent gentiment les lèvres, et la princesse, en écrasant les fruits rouges dans son assiette, tacha tout à fait ses gants.

Elle fit une petite moue de dégoût et, les arrachant, elle les jeta sur le tapis avec un joli rire.

Gaston retint un cri de surprise et de joie ; les menottes ravissantes, potelées, avec des ongles roses comme les griffes du diable, auraient tenté Phidias ou Praxitèle ; les mains d’Anne d’Autriche qui