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Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/175

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LE VENT ET LES FEUILLES MORTES


Attarde ses pas lents le long d’un pré qui fume ;
S’il hume le parfum végétal de la brume,
S’il entend les perdreaux crisser leurs cris de sang,
Si d’un pied anxieux il écrase en passant
Un de ces champignons énormes et putrides
Qui paraissent pétris d’or et de cantharides,
S’il contemple tantôt les vallons violets
Des prés marécageux, hantés des feux follets,
Et tantôt l’horizon des collines où plane
En longues bandes la fumée des feux de fane,
Tu verrais tout à coup cet homme tressaillir
Devant le ciel zébré de flammes, et pâlir
À cause du silence immense de la Terre
Et parce qu’à travers le tragique mystère
De l’ombre incandescente et du soleil couché,
Les hauts peupliers noirs ont tout à coup bougé !…