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Page:Kinon - L’Âme des saisons, 1909.djvu/77

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L’AZUR ET LES LILAS


Ah ! faites que je sois celui-là, douce Dame !
Ne permettez jamais que je sois abattu
Tout à fait, comme quand on a perdu son âme,
Et faites que toujours mes yeux, même battus,
Même quand la tristesse ou le remords les voile,
Se lèvent avec confiance vers l’Etoile !…

Tel un bois, avant l’aube, au déclin de la nuit :
L’ombre est encore dense où baigne la feuillée
Entre le ciel nocturne et la terre mouillée ;
Pourtant le bois ramage en sourdine et bruit,
À cause du Flambeau de neige et d’or qui brûle
Dans l’opale et le lait nacré du crépuscule.

D’abord claque la caille, au loin, on ne sait où…
Puis le bruant pépie à notes de rosée ;
Puis le rossignol lance une fraîche fusée ;
Puis le loriot flûte, et puis le sourd coucou
Bégaie, et puis pinsons, verdiers, fauvettes, merles
Font un jaillissement de cristal et de perles…