Aller au contenu

Page:Kipling - Du cran.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’adresser à La Crevette sur ce ton, et, je ne sais pourquoi, cela le ragaillardit. Dans le silence qui suivit il se retourna sur le visage et se faufila inostensiblement à travers la fougère, comme tout Scout le doit faire, jusqu’à ce qu’il pût prendre un aperçu de cet homme hardi sans attirer l’attention de La Crevette. Et c’était, il faut le dire, la première fois que William parût avoir jamais profité des leçons de son Chef ou de l’exemple de ses camarades.

De célestes visions le récompensèrent. La Crevette, visiblement mal à son aise, se tenait tantôt sur l’une de ses jambes nerveuses, tantôt sur l’autre, tandis qu’un petit homme pourvu d’un énorme embonpoint, avec une barbiche grise en pointe et des bras comme des ailerons de poisson, enquêtait sur le contenu de deux marmites qui pendaient à des bâtons convenablement inclinés au-dessus du petit feu que William avait allumé dans la cuisine. Ce qu’il voyait ou sentait ne semblait pas avoir son approbation. Et cependant, c’était la propre cuisine de l’impeccable Crevette !

« Seigneu’ ! dit-il enfin après d’autres reniflements de mépris, tout en replaçant le couvercle.