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Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/108

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une lance qui lui entre dans le dos ; voici un homme qui va jeter son harpon ; en voici un autre qui lance son harpon du fond d’une grotte ; et voici un tas de gens (c’étaient les castors de Taffy, mais c’est vrai qu’ils avaient un peu l’air de personnes) qui arrivent derrière Tegumai. Quelle horreur !

— Quelle horreur ! répétèrent les dames Néolithiques.

Et là-dessus, elles remplirent de vase les cheveux de l’Étranger (ce qui le surprit grandement), et elles battirent les tambours de la tribu et rassemblèrent tous les chefs de la tribu de Tegumai, sorciers, guerriers et bonzes, lesquels décidèrent, avant de couper le cou à l’Étranger, de le conduire jusqu’à la rivière, afin qu’il leur montrât où il avait caché la pauvre Taffy.

Depuis un moment déjà, l’Étranger (tout Tewara qu’il fût) était positivement ennuyé. Ses cheveux étaient tout collés de boue ; on l’avait roulé de long en large sur des galets durs ; on s’était assis dessus, en rang de six à la fois ; on l’avait cogné et bourré à lui couper le souffle, et quoiqu’il ne comprît pas leur langage, il était presque sûr d’une chose : les noms que lui donnaient les dames Néolithiques n’étaient point polis. Pourtant il ne dit rien jusqu’à ce que toute la tribu de Tegumai fût assemblée, et alors il les mena jusqu’au bord de la rivière Wagai, où ils trouvèrent