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Page:Kipling - Histoires comme ça pour les petits, trad Humières et Fabulet, 1903.djvu/47

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yeux rouges ; et son gros oncle l’Hippopotame le cogna de son gros, gros pied. Il demanda à sa maigre tante la Girafe pourquoi elle avait la peau tachetée, et sa maigre tante la Girafe le cogna de son dur, dur sabot ; et il demanda à son oncle poilu le Babouin pourquoi les melons avaient ce goût-là, et son oncle poilu le Babouin le cogna du revers de sa main poilue. Il posait des questions à propos de tout ce qu’il voyait, entendait, éprouvait, sentait et touchait, et tous ses oncles et tantes le cognaient ; ce qui ne l’empêchait pas de rester plein d’une insatiable curiosité.

Un beau matin, au milieu de la Précession des Équinoxes, cet insatiable Enfant d’Éléphant fit une belle question qu’il n’avait jamais faite encore. Il demanda :

— Qu’est-ce que le Crocodile mange pour dîner ?

Là-dessus, tout le monde lui dit : « Chut ! » à haute et terrible voix, et on se mit à le cogner sans perdre une minute, ni s’arrêter pendant longtemps.

Un peu plus tard, quand ce fut fini, il tomba sur l’oiseau Kolokolo perché dans un buisson d’épines, et il dit :

— Mon père m’a cogné et ma mère m’a cogné ; tous mes oncles et tantes m’ont cogné de même pour mon insatiable curiosité ; n’empêche que je veux savoir ce que le Crocodile a pour dîner !

Alors l’oiseau Kolokolo dit, avec un cri lamentable :