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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/145

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faïence on peut avoir un chien rose, un chien bleu. Moyennant une petite augmentation on aura même un chien à deux têtes.

À date fixe, en automne, l’Allemand couche les plantes de son jardin et les couvre d’une natte. À date fixe, au printemps, il les découvre et les redresse. Si d’aventure l’automne était exceptionnellement doux ou le printemps exceptionnellement sévère, tant pis pour les malheureux végétaux. Aucun véritable Allemand ne songerait à sacrifier la pureté d’un rite aux fantaisies incontrôlées des saisons ; incapable de régler le temps, il l’ignore.

Aux autres arbres notre Allemand préfère le peuplier. Certaines nations moins disciplinées pourront chanter les beautés du chêne rugueux, du marronnier ombrageux, de forme ondulant sous la brise. Ces arbres capricieux et volontaires choquent les yeux allemands. Le peuplier pousse où on l’a planté et comme on l’a planté. Il n’a aucune idée originale ou inconvenante. Ce n’est pas lui qui songerait à étaler des rameaux d’ombre, autour d’un tronc tourmenté. Il pousse simplement droit, tout droit, comme doit pousser un arbre allemand. Les Allemands déracineront peu à peu les autres arbres pour les remplacer par des peupliers.

L’Allemand aime la campagne, mais, comme disait la dame qui avait vu un sauvage, « il la préfère plus habillée ». Il aime à se promener dans les bois… vers un restaurant ; mais le sentier doit