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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/166

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comme citoyen. Dans son palais lugubre de la place Waldstein, on montre comme un lieu sacré la petite pièce où il faisait ses dévotions, et, ma parole, on a l’air ici de croire qu’il possédait réellement une âme.

Ces chemins raides et tortueux doivent avoir résonné bien souvent sous les pas des légions de Sigismond ou de Maximilien. Tantôt les Saxons, tantôt les Bavarois et puis les Français ; tantôt les saints de Gustave-Adolphe, puis les soldats-machines de Frédéric le Grand, tous ont voulu forcer ces portes et ont combattu sur ces ponts.

Les juifs ont toujours donné à Prague une physionomie particulière. Il leur est arrivé de porter assistance aux chrétiens dans leur occupation favorite, qui consistait à s’entre-tuer, et cette grande oriflamme suspendue sous la voûte de l’Altneuschule atteste le courage avec lequel ils aidèrent Ferdinand le Catholique à résister aux protestants suédois. Le ghetto de Prague fut un des premiers établis en Europe. Les juifs de Prague ont fait leurs dévotions depuis huit cents ans dans une minuscule synagogue qui existe toujours ; du dehors les femmes pleines de ferveur assistent aux offices, l’oreille collée à des ouvertures spécialement aménagées pour elles dans les murs épais. Le cimetière juif avoisinant, « Bethchajim », ou la « Maison de la vie », a l’air de vouloir déborder de sépulcres. Pendant des siècles on a, selon la loi, enterré là, et nulle part ailleurs, les os d’Israël.