Aller au contenu

Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soufflerait de la mer, et nous renverrait vers la côte. Il me semble que nous avons juste le vent qu’il nous faut.

— Tu manques d’expérience, mon amour. Ce vent semble bien le vent qu’il nous faut, mais il ne l’est pas. C’est ce que nous appelons un vent de terre, et le vent de terre est toujours très dangereux.

Ethelbertha voulut savoir pourquoi un vent de terre était toujours dangereux.

Ces questions m’impatientaient ; peut-être étais-je légèrement irrité. Le tangage uniforme d’un petit yacht ancré déprime même l’esprit le plus ferme.

— Je ne saurais te l’expliquer, continuai-je (et c’était la vérité), mais ce serait le comble de la témérité de mettre à la voile avec ce vent, et je t’aime trop, chérie, pour t’exposer à de pareils risques.

Ma phrase me parut élégante ; mais Ethelbertha répondit simplement qu’elle regrettait, dans ces conditions, d’être venue à bord avant mardi et elle descendit.

Le lendemain matin le vent tourna au nord. Je m’étais levé de bonne heure et fis remarquer cette saute au capitaine.

— Oui, oui, monsieur, déclara-t-il, c’est fâcheux, mais nous n’y pouvons rien.

— Vous ne pensez pas pouvoir partir aujourd’hui ? hasardai-je.