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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/220

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— Ah, vous avez demandé le prix de la craie, hein ? Désireriez-vous le savoir ?

— Je vous en prie, je m’imagine que vous êtes à même de me le dire.

— Vous avez raison. Je le peux. Cela vaut…

— Allons, marche, dit la vieille qui a chaud, qui est lasse et voudrait avoir fini sa tournée.

— Oui ; mais, nom d’un petit bonhomme ! avez-vous entendu ce qu’il a dit de notre lait ?

— Eh ! ne t’occupe donc pas de lui. Voilà un tramway qui vient de tourner la rue : nous allons être écrasés.

— Possible, mais moi je m’occupe de lui. On a son amour-propre. Il a demandé le prix de la craie, et il va le savoir ! ça vaut exactement vingt fois plus…

— Vous allez tout renverser ! s’écrie la vieille femme angoissée, le retenant de toutes ses faibles forces. Mon Dieu ! j’aurais dû le laisser chez nous.

Le train s’avance rapidement sur eux ; un cocher les invective, un autre chien, énorme, attelé à une voiturette de pain, espérant arriver à temps pour prendre part au combat, se hâte de traverser la rue, suivi d’un enfant qui crie de toutes ses forces. Il se forme vite un petit rassemblement ; et un représentant de la force publique se fraie un chemin vers le champ de bataille.

— Cela vaut, reprend le chien de la laitière, exactement vingt fois plus que vous n’allez valoir quand j’en aurai fini avec vous.