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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/227

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sur votre dos. Une vache s’abaissera peut-être jusqu’à jeter un coup d’œil sur cet intérieur.

C’est cet arrangement dans le genre de l’arche de Noé qui donne, je suppose, à la maison de la forêt Noire son odeur particulière. Ce n’est pas une odeur qu’on puisse comparer à quoi que ce soit. C’est tout comme si l’on mélangeait des roses, du fromage du Limbourg, de l’huile pour les cheveux, quelques fleurs de bruyère, des oignons, des pêches, de l’eau de savon avec une bouffée d’air marin et un cadavre. On ne saurait discerner aucune odeur particulière, mais on les sent toutes réunies là, toutes les odeurs que l’univers possède jusqu’à présent. Les gens qui vivent dans ces maisons adorent à l’envi ce mélange. Ils n’ouvrent jamais les fenêtres, de peur d’en perdre un peu ; ils conservent précieusement cette odeur dans leur maison hermétiquement close. Si vous désirez respirer un parfum différent, vous avez tout loisir de sortir et de humer à l’extérieur l’arôme des pins et des violettes des bois : à l’intérieur il y a celui de la maison ; et on dit qu’au bout de quelque temps on s’y habitue de telle sorte qu’il vous manquerait et que l’on devient incapable de s’endormir dans aucune autre atmosphère.

Nous avions projeté de couvrir une longue étape le lendemain et pour ce motif nous désirions nous lever de bonne heure, vers les six heures, — si possible sans déranger toute la maison. Nous demandâmes timidement à notre hôtesse si elle voyait