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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/242

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mains, de peur de ne pas pouvoir éviter une collision.

À Waldshut, une des petites villes du XVIe siècle, que le Rhin traverse peu après sa source, nous rencontrâmes cet être très répandu sur le continent : le touriste anglais qui se montre surpris, même offensé, de l’ignorance dont l’indigène fait preuve touchant les subtilités de la langue anglaise. Quand nous pénétrâmes dans la gare, il était en train d’expliquer au porteur, dans un anglais très pur, malgré un léger accent du Sommersetshire, et ceci pour la dixième fois, ainsi qu’il nous en fit part, ce fait pourtant bien simple qu’il possédait un billet pour Donaueschingen et désirait se rendre à Donaueschingen pour voir les sources du Danube qui n’y sont d’ailleurs pas, quoiqu’on dise en général qu’elles y sont, et entendait que sa bicyclette fût dirigée sur Engen et son sac sur Constance où le dit sac attendrait son arrivée. Cette explication poursuivie d’une haleine lui avait donné chaud et l’avait mis en colère. Le porteur, un très jeune homme, avait pris la physionomie d’un vieillard fatigué. J’offris mes services. Je le regrette maintenant, mais peut-être pas autant que cet abruti a dû le regretter plus tard. Les trois itinéraires, nous apprit le porteur, étaient compliqués, nécessitant des changements et encore des changements. Il ne nous restait que peu de temps pour délibérer avec calme, car notre propre train devait partir dans quelques minutes. L’homme était volubile, ce qui